Catégorie : ÉTUDES ET DOSSIERS


Le courrier des TAAF, la Dépêche.

Pas si simple !


mardi 1 septembre 2020

Parmi les émissions hors programme de 2020, la Commission philatélique des TAAF a retenu le thème « le courrier des TAAF ». Ce seront, en fait, deux timbres à 0,95€ sur le courrier des TAAF et 1,05€ sur la philatélie des TAAF accompagnés de deux vignettes rappelant les liens entre courrier et philatélie à travers la silhouette du Marion Dufresne.
Ce diptyque sera émis en feuilles de cinq lors du salon philatélique de Moulins les 30 octobre, 1er et 2 novembre prochains.


Fig.1 Prémaquette du timbre, courrier des TAAF. Le timbre
définitif comporte quelques différences, le bateau est à
quai et l’hélicoptère a été effacé (dessin Sophie Beaujard).


Cette émission est l’occasion de parler de la Dépêche des TAAF, c’est-à-dire la phase de transport du courrier depuis son dépôt à la poste jusqu’à sa réception dans les districts éloignés que sont ceux des TAAF, ainsi que du transport retour des bases vers la Métropole.
Quelles en sont les différentes étapes ? Comment s’assure-t-on que tout ce qui a été envoyé est bien parvenu à destination, dans un sens, comme dans l’autre ? Quels documents utilise-t-on ? Quels sont les acteurs intervenants aux différentes étapes ?



Fig.2 le Bon à tirer de la feuille de cinq diptyques.

PREMIERE PARTIE : L’ALLER VERS LES BASES

Comme l’indique le site Web des TAAF, à la rubrique philatélie, les courriers envoyés dans les districts doivent être affranchis au tarif postal en vigueur et adressés à la gérance postale du district choisi, par exemple, pour le district de Crozet dans les Australes :
M. le gérant postal du district de Crozet.
Base Alfred Faure – TAAF.
Via 97408 ST DENIS messagerie.

Pour les Eparses :
M. le vaguemestre de l’île Tromelin.
District des Îles Eparses de l’océan indien – TAAF.
Via 97408 ST DENIS messagerie.
Pour l’Antarctique, en Terre Adélie:
M. le gérant postal du district de terre Adélie.
Base Dumont d’Urville – TAAF.
Via Roissy HUB – BP 17615-cargo 9.
95724 Roissy CDG Cedex.

Pour tous les districts sauf un (Terre Adélie), le courrier va transiter par le service des postes françaises à Saint Denis de la Réunion (Plateforme industrielle de traitement du courrier—PIC- Saint Denis Messagerie).
Pour la Terre Adélie, c’est à Roissy que s’opère le regroupement du courrier (Hub de La Poste).
Il faut distinguer trois organisations différentes selon le territoire de destination (§ 1-3) et de même pour le retour (§ 6-7), plus quelques cas complémentaires.

I. Destination les Îles Australes, districts de Crozet, Kerguelen, St Paul & Amsterdam.

La Poste française assure le regroupement du courrier sur sa plateforme industrielle (PIC) à Saint Denis de la Réunion (St Denis Messagerie) (Fig.3).


Fig.3 Les caisses de tri du courrier à Saint Denis Messagerie.


Il est placé dans des sacs selon les destinations. Chaque sac est fermé par un collier accompagné d’une étiquette qu’il conservera jusqu’à son ouverture par le gérant postal de la base de destination.
La Dépêche est donc constituée de l’ensemble des sacs de courrier.
Les étiquettes mentionnent le numéro de la Dépêche, la date d’expédition, le poids du sac, et l’adresse de destination avec trois mentions :

    « Le Port de La Réunion », lieu où La Poste remet les sacs au Commandant du Marion Dufresne.
    Le nom du bateau, donc le « Marion Dufresne ».
    Le port de débarquement, c’est-à dire la base de destination : « Alfred Faure », « Port aux Français », « Martin de Viviès ».

Les étiquettes sont de différentes couleurs (Fig.4) :
- blanches ou bleues pour le courrier ordinaire, lettres et colis.
- rouges pour les courriers et colis recommandés dont la liste est récapitulée sur un bordereau (CN33).
- les envois en valeur déclarée sont dans un sac séparé.
- les sacs de fermeture (cf. page 4) ont une étiquette rouge.

            

            

            

            

            
Fig.4 Etiquettes des sacs au départ pour les districts
des bases australes, datées de 2013.
Le TAD au verso indique la date de constitution du sac.
TAD avec code ROC 19595A de St Denis Messagerie.

A partir du début de 2016, la nouvelle codification recommandée par l’UPU (voir encadré) a été mise en place à La Réunion, PIC de Saint Denis. Les étiquettes et les bordereaux CN37 ont donc évolué avec une numérisation progressive et l’apparition des codes-barres.

La codification des Dépêches

Depuis 2016, l’UPU, dans son Guide du transport postal a donné des instructions pour une codification des Dépêches sur quinze caractères. La Poste utilise donc cette codification depuis peu de temps.
Les dépêches postales sont numérotées de manière séquentielle par séries. Une série de dépêches comprend quinze caractères ; Cette codification permet d’utiliser les codes-barres. :
–        Six caractères pour le code de centre du traitement du courrier international (CTCI) du bureau d’échange d’origine : pour les TAAF, il s’agit de la PIC de St Denis de La Réunion, qui a pour code RERUNA.
–        Six caractères pour le code du bureau d’échange de destination, par exemple TFNLEB pour Saint Paul & Amsterdam.
–       Un caractère pour la catégorie de courrier (A, B, C, ou, en option, D) :
A : Courrier par avion ou prioritaire.
B : Courrier par avion non prioritaire, ancien SAL (service avion lent).
C : Courrier de surface non prioritaire.
D : Courrier prioritaire envoyé par un transport de surface.
–      Deux caractères pour la sous-classe de courrier (le premier caractère correspond à la classe de courrier U, C, E, ou T).
U correspond aux lettres, C, aux paquets, E, aux documents et diverses marchandises, T aux pochettes vides.

Le second caractère est utilisé pour distinguer différentes séries de dépêche au sein de la classe de courrier.
Il existe de très nombreux cas entre A et Z. Les plus utilisés sont le N : CN = paquet ordinaire, ou UN = lettre ordinaire, le P : UP = cartes postales.

A titre d’exemple, voici ci-dessous le cas d’une Dépêche CN33 pour St Paul & Amsterdam datée de 2018 (Fig.5).



Fig.8 Scellé de sac de la Poste
pour Amsterdam OP4 2019.
   
Fig.5 En haut, codification selon les règles de l’UPU
d’une Dépêche pour Saint Paul & Amsterdam en 2018.

Fig.6 Ci-dessus, étiquette d’e la Dépêche CN de 2019, pour le même district.

Fig.7 Ci-contre, à gauche, bordereau de la Dépêche CN de l’OP4 2019
validée à son arrivée par le gérant postal de Martin de Viviès.


Le dernier sac de chaque destination renferme un bordereau CN37 résumant l’ensemble du contenu de la Dépêche. Ce dernier sac est repérable extérieurement par la mention de la lettre « F » -signifiant fermeture- sur son étiquette rouge. (Fig.9)

            

            

            
Fig.9 Etiquettes de sacs de fermeture avec un F manuscrit (2008),
au tampon (2013) ou préimprimé (2020).


La Poste fournit la liste des sacs composant la Dépêche (bordereau CN37). Elle est tenue informée par le service des Télécommunications, de l'Informatique et des Réseaux (STIR) des TAAF, des dates précises auxquelles elle doit livrer les sacs au pied de la passerelle du Marion Dufresne, au Port de La Réunion. (Fig.10)


Fig.10 Livraison de la Dépêche au Port.

Le Commandant du navire réceptionne l’ensemble des sacs, signe une décharge au représentant de La Poste et en garde une copie. Le STIR est présent sur les lieux. C’est cette image qui est représentée sur le timbre à 0,95€ émis en octobre prochain.

On peut par exemple lire sur le Compte Rendu des opérations de préparation de l’OP3 2019, l’extrait suivant :
Vendredi 8 novembre 2019
10h40 : livraison de la Dépêche postale.
* pour Crozet :25 sacs postaux.
* pour Kerguelen: 34 sacs postaux.
* pour Amsterdam: 16 sacs postaux.
Sur le navire, les sacs sont rangés en fonction du district de destination dans des locaux fermés, et dans l’ordre des bases visitées. Depuis quelques années, c’est le Marion Dufresne qui assure exclusivement le transport. Auparavant la Dépêche pouvait être confiée à un bateau de passage, notamment dans le sens retour, mais la date et le port d’arrivée étaient parfois très aléatoires. Ce système a donc été abandonné. C’est désormais le calendrier de départ du Marion Dufresne qui rythme les « rotations » vers les îles australes. Ces « Opérations portuaires » (ou OP) sont effectuées en moyenne quatre fois par an (OP1 à OP4).
Pendant le voyage, la Dépêche est placée sous la responsabilité du Commandant du navire jusqu’à sa livraison au gérant postal de chacune des bases.(Fig.11).




Fig.11 Sacs pour Crozet à bord du Marion Dufresne.

Gérance postale de Crozet.
Le débarquement des sacs de courrier est réalisé par l’hélicoptère du Marion Dufresne. La Dépêche est la première chose qui est débarquée, en particulier le sac contenant le courrier posté à bord (cf. §5). Sortis de l’hélicoptère, les sacs sont disposés dans une caisse transportée par un tracteur ou un véhicule de la base jusqu’au bureau de la gérance postale. En cas de Dépêche abondante, l’hélicoptère peut être amené à effectuer deux rotations (Fig.12).


Fig.12 L’hélicoptère du Marion Dufresne à Port aux Français.

Le gérant postal en prend possession, ouvre les sacs après avoir signé le bordereau remis par le commandant du navire. Il contrôle le contenu de chaque sac à partir du bordereau contenu dans le sac étiqueté « F ».
Il tient informé le siège des TAAF et l’antenne de Paris (service philatélique) de l’arrivée de la Dépêche.
Il traite en priorité le courrier posté à bord pour le joindre immédiatement à la Dépêche départ qu’il a préparé. Le courrier « posté à bord » est donc inséré dans le dernier sac, dit « de fermeture » (étiquette « F »).
Une autre tâche immédiate et importante pour le gérant est l’enregistrement des recommandés sur le registre prévu à cet effet (Fig.13).
En cas d’absence du gérant postal, le chef de district a pouvoir pour assurer cette fonction. Ce fut le cas à Kerguelen au premier semestre 2020, où le gérant postal a dû être évacué pour des raisons sanitaires.


Fig.13 Extrait du registre des recommandés de 2013 à Crozet.


Fig.14 La Dépêche peut compter de nombreux sacs
en raison du volume des colis transportés.
Pour Kerguelen, la Dépêche livrée par l’OP1, début
avril 2020 en comportait 59, celle de Crozet, 37.


    
Fig.15 L’hélicoptère à Crozet et la gérance postale de Port aux Français à Kerguelen (Carte Maximum de 2007).

Compte tenu des délais d’acheminement, la distinction entre courrier rapide et courrier lent n’a pas de sens. De même la recommandation ou l’envoi par Chronopost n’accélèrent pas l’acheminement.
Les agences postales des bases s’appellent BCR : bureau des communications et radio (Fig.15).

II. Destination Terre Adélie, base Dumont d’Urville.
Le regroupement du courrier se fait depuis le 1er janvier 2016 au HUB de La Poste à Roissy (Fig.16).


Fig.16 Le courrier à Roissy en attente de départ pour Hobart.

Auparavant, le site était celui d’Orly.
Le courrier qui parvient à cette adresse est stocké par le Receveur du Centre de Tri de Roissy, dans une cabine qui possède un timbre à date particulier (Fig.17). Chaque sac de courrier à destination de la base Dumont d’Urville est fermé par un collier et son étiquette.

Fig.17 - Les différents TAD « cabine » du Centre de Tri d’Orly, et de celui de Roissy Hub.

Environ un mois avant le départ de l’Astrolabe, ils vont rejoindre par voie aérienne Hobart en Tasmanie via Hong Kong et puis être pris en charge par TWSS, transitaire travaillant pour l’IPEV. Il a pour principale mission la livraison au pied de la passerelle de l’Astrolabe de l’ensemble des matériels et le courrier à embarquer pour les missions de l’IPEV en Terre Adélie (Fig.18).


Fig.18 L’Astrolabe à quai à Hobart (Photo Lucia Simion).

L’Astrolabe dessert quatre à cinq fois par an la base Dumont d’Urville.
Il y a donc un calendrier à respecter pour l’envoi des courriers (Fig.19).


Fig. 19
Il est à noter qu’il est inutile d’envoyer des lettres destinées à la Terre Adélie au siège des TAAF à La Réunion. Elles seront dans tous les cas redirigées sur le HUB de La Poste à Roissy, lieu de départ unique du courrier pour Dumont d’Urville.
Après contrôle, le gérant postal tient informé le siège des TAAF et l’antenne de Paris (service philatélique) de l’arrivée de la Dépêche (Fig.20).


Fig.20 Accusé de réception de la Dépêche OP2
à Amsterdam le 1er septembre 2020.


III. Destination les Îles Eparses
Le courrier à destination des Îles Eparses (Tromelin, Glorieuse, Juan de Nova, Europa) est regroupé à Saint Denis Messagerie, service de La Poste Française, et préparé dans les mêmes conditions que pour les bases australes. Il est essentiellement constitué de plis philatéliques car le personnel des bases ne reste qu’environ 45 jours sur les îles. (Fig.21)
L’ile Tromelin est desservie actuellement par le Marion Dufresne, qui assure un passage lors des quatre OP programmées pour les îles australes. Cette escale a lieu soit en début, soit en fin de rotation. Le service postal est donc totalement comparable à celui des districts des îles australes.
Pour les îles de JUAN DE NOVA, EUROPA et GLORIEUSES, le STIR des TAAF demande à La Poste de bien vouloir procéder à la livraison de la Dépêche postale à une date précise sur la base aérienne 181 de Saint Denis, base militaire située à côté de l’aéroport Roland Garros (surnommé Gillot) de St Denis de La Réunion.
Les sacs sont ensuite transportés par l’Armée de l’Air, car elle seule dessert les trois îles qui sont gérées par des gendarmes. Sur chaque ile, les sacs, en général peu nombreux, sont remis au gendarme-vaguemestre, chargé de les ouvrir et traiter le courrier.

IV. Le courrier au départ du siège (Dépêche administrative)
A St Pierre de La Réunion, le siège des TAAF reçoit un courrier assez abondant, adressé pour être redirigé vers les districts. Ce courrier est mis en sacs par des agents des TAAF selon les destinations, en même temps que le courrier administratif entre le siège et les bases. Les sacs comportent une étiquette sans date ni cachet postal, de couleur verte (Crozet), rouge (Kerguelen), bleue (Amsterdam), mais avec la mention correspondance entre fonctionnaires publics. (Fig.22) Ces sacs sont transportés par un agent du siège, soit au pied de la passerelle du Marion Dufresne avant le départ de chaque OP, soit à l’aéroport Gillot (pour les Eparses). Celui destiné à la Terre Adélie est déposé à La Poste de St Pierre qui le redirige sur Roissy.

V. Le cas du courrier « posté à bord »
Ce courrier est composé de lettres adressées directement au Commandant du Marion Dufresne à l’adresse suivante :
M. Le Commandant du R/V Marion Dufresne
GMC Shipping Agency
83 rue Jules Verne
ZI N°2 - CS 51176
97829 Le Port Cedex.



Fig.21 La base de l’ile Europa aux Eparses.




Fig.22 Etiquettes au départ du siège.


Il ne fait donc pas partie de la Dépêche « vers » les bases. Si le navire est à quai, La Poste le distribue au Commandant quotidiennement. Sinon il est stocké à St Denis Messagerie en attendant son retour.
Le commandant doit s’assurer que les courriers postés à bord reçoivent les cachets du Commandant, de la compagnie et la griffe "Courrier posté à bord".
Pendant la rotation, des séances de « tamponnage » bien connues de ceux qui ont fait le voyage, se tiennent sur le navire pour traiter les demandes des philatélistes qui ont adressé des lettres au Commandant en précisant l’oblitération de la base qu’ils souhaitent voir apposée sur leurs enveloppes. La première séance se tient avant l’escale à Alfred Faure. Ainsi préparé ce courrier destiné à Crozet est débarqué en priorité et pris en charge par le gérant postal qui le traite immédiatement. Il est alors joint à la Dépêche postale en retour vers La Réunion. Entre Alfred Faure et Port aux Français une deuxième séance a lieu pour le courrier destiné à Kerguelen, une troisième avant l’arrivée à St Martin de Vivies à Amsterdam pour le courrier destiné à cette dernière base, une autre avant le passage à Tromelin et une dernière avant le retour à La Réunion.



DEUXIEME PARTIE : LE RETOUR

VI. Préparation de la Dépêche au départ des bases
Le gérant postal de chacune des bases est en charge de préparer la Dépêche avant l’arrivée du Marion Dufresne, de l’Astrolabe à Dumont d’Urville, ou de l’avion aux Eparses. (Fig.23)


Fig.23 Préparation d’un sac de la Dépêche à Kerguelen.

Chaque Dépêche est identifiée par un numéro propre. Pour la terre Adélie ce numéro est toujours dans la série des 10000. Ainsi la première dépêche de l’année portera le n°10001, la suivante, le n°10002, et ainsi de suite (Fig.24). Pour les autres bases, la numérotation est 10000, 20000 ou 30000 selon la nature et la destination des courriers. Il y a quatre types de Dépêches :
1- série des 1000X (X est, sauf exception, le numéro de l’OP concernée) pour les envois prioritaires et recommandés, lettres et colis vers la Métropole ou l’étranger. Un bordereau CN38 est préparé pour être remis au commandant du bateau (Fig.25).



Fig.24 Etiquettes de la Dépêche 10002 d’Amsterdam OP2 2020.


Fig.25.

2- série des 2000X identique à la 1000X mais en non prioritaire (autrefois étiquetés SAL, c’est-à-dire service aérien lent). Un bordereau CN41 est préparé pour être remis au commandant du bateau.
3- série des 3000X pour les courriers destinés aux pays de l’Océan Indien : Madagascar, Maurice, Seychelles, Réunion, Mayotte, Eparses, avec des sacs différents selon la nature des courriers. Un bordereau CN37 est préparé pour être remis au commandant du bateau.
4– série 4000X pour la Dépêche administrative : pour les envois administratifs en recommandé, un sac particulier est composé, fermé par une étiquette rouge (CN35) où est collée l’étiquette de recommandation et la mention « Franchise postale ».(Fig.26).


Fig.26 Envoi administratif recommandé.

En cas d’envoi chargé, les colis, fermés à la ficelle et scellé à la cire, font l’objet d’un sac spécial avec l’étiquette CN34 accompagné d’un bordereau d’enregistrement CN16. Sur l’étiquette figure la mention « Chargé en franchise » (Fig.27).

Fig.27 Envoi administratif chargé.

- si du courrier est destiné à une des deux autres bases australes ce qui arrive fréquemment lors de campagnes scientifiques, ou à Tromelin (cas rare), il est inséré dans un sac particulier avec une étiquette rouge avec un F indiquant la destination, pour être confié au représentant officiel des TAAF sur l’OP, qui le remettra au gérant postal de la base concernée ou à La Poste au retour, au Port de La Réunion pour l’OP suivante. Pour les autres districts austraux, le code commence également par 3 mais après le numéro de dépêche, c’est le trigramme du district qui est inscrit. (CRO/KER/AMS).
Les numéros sont reportés sur les étiquettes des sacs. Celles-ci ont des couleurs différentes :
    étiquette blanche (ou bleue) pour les sacs contenant du courrier ordinaire (CN35). (Fig.28)


Fig.28

    étiquette rouge, pour les sacs contenant les envois recommandés (CN34). Un bordereau CN33 résume le contenu du sac : nombre de lettres et/ou de colis recommandés.
    étiquette rouge, pour les envois administratifs en recommandé. Un sac particulier est composé, fermé par une étiquette rouge (CN35) sur laquelle est collée l’étiquette de recommandation et portée la mention « Franchise postale ».
    étiquette rouge CN34 pour les envois chargés, et colis, qui font l’objet d’un sac spécial avec le bordereau d’enregistrement CN16. Sur l’étiquette figure la mention « Chargé en franchise ». (Fig.27)



    Une étiquette rouge est également utilisée pour le dernier sac des séries 2000X et 3000X, afin qu’à l’arrivée, les agents de La Poste repèrent facilement le sac de fermeture F contenant tous les bordereaux de la Dépêche. (Fig.24)
    étiquette verte pour les sacs contenant des poches vides renvoyées à St Denis Messagerie puis au siège des TAAF (CN36). Ces sacs ne contiennent pas de courrier. L’étiquette porte la mention correspondance entre fonctionnaires publics.

Pour chaque catégorie de sacs, un bordereau est établi sur un imprimé particulier (CN31), daté et signé du gérant postal de la base. La date doit être celle du départ de la Dépêche. Il est glissé dans une enveloppe bleue Feuille d’avis qui est accrochée à la gorge du dernier sac intérieur sur l’étiquette (CN31) duquel sera mentionnée la lettre F (sac de fermeture). Cette enveloppe pourra contenir le bordereau CN16 lorsqu’il y a (exceptionnellement) un envoi chargé. Cette procédure est destinée à faciliter le dépouillement de la Dépêche à l’arrivée au centre de tri de La Poste. (Fig.29/30).


Fig.29 Enveloppe de la feuille d’avis


Fig.30 La feuille d’avis accrochée au sac de fermeture (lettre F).


Fig.31 Le traitement du courrier à la gérance postale de Crozet,
dessiné par Marko, peintre de la Marine en 1998.
Extrait du carnet de voyage émis en 1999.


La nouvelle codification n’est pas utilisée pour la préparation des Dépêches au départ des bases. D’une part ce nouveau système n’apporte pas de plus-value dans ce sens du courrier, d’autre part, les gérants postaux ne restant qu’une année en poste sur les bases, cette nouvelle codification tarde à s’implanter.
Les bordereaux sont progressivement numérisés.

Dans chaque sac, les lettres sont insérées dans un sac étanche (sac intérieur), puis dans un sac de protection.
Les sacs sont, soit rassemblés dans une caisse qui va permettre le transport vers l’hélicoptère du Marion Dufresne, soit amenés à l’hélicoptère par un véhicule de la base. (Fig.32/33).


Fig.32 Sacs de la Dépêche à Crozet.


Fig.33 Schémas de préparation des sacs.

A Dumont d’Urville, l’ensemble est à son tour inséré dans un troisième sac avion (Fig.34) doté d’une étiquette CN35 rouge, avant d’être transbordé à bord de l’Astrolabe.


Fig.34 Sacs avion de Terre Adélie.

Les envois de fonds, objets d’une préparation particulière utilisant un scellement à la cire (Fig.35) et insérés dans un sac spécial sont devenus exceptionnels aujourd’hui. En effet, depuis 2014, ils ne transitent plus par la Dépêche, mais par la personne dépositaire de l’autorité des TAAF présente à bord du Marion Dufresne. Un seul envoi en VD est fait annuellement pour chaque base lorsque le gérant postal retourne au service destruction de Phil@poste à Périgueux les timbres de l’année N-2 non vendus. Cet envoi se fait en général lors de l’OP1, parfois de l’OP2.
Fig.35 Cachet de cire du scellé
des envois de fonds.


Fig.36 BF émis en 2007 présentant les BCR des TAAF.

Les gérants postaux informent le siège des TAAF et l’antenne de Paris (service philatélique) du départ de la Dépêche. (Fig.37). Cette information est faite par un courrier (Fig.38) qui, désormais est transmis par messagerie électronique.





Fig.37 Compte rendu du départ de la Dépêche de l’OP3 2019 à Kerguelen, signée du gérant postal.


Fig.38 Témoin de l’envoi de la Dépêche à DDU del’OP1 2016 et enveloppe
de transmission en franchise postale, correspondance entre fonctionnaires.



VII. Le voyage retour

VII.1 : pour les bases australes
, c’est le Marion Dufresne qui embarque les sacs postaux (Fig.39/40) lesquels sont remis à La Poste le jour de l’arrivée au Port de La Réunion. Le STIR est présent lors de cette opération. Les sacs sont transportés au centre de tri de La Poste à Saint Denis Messagerie.
Cette opération de récupération est différente de celle de l’embarquement de la Dépêche pour l’OP suivante. En effet cet embarquement a lieu le jour du départ du navire. Celui-ci peut se produire, soit dans la continuité de la rotation précédente ,après une escale de courte durée (quelques jours), soit plusieurs semaines plus tard, si le Marion Dufresne a été affrété pour d’autres mission pour le compte de l’IFREMER notamment.



Fig.39 Embarquement de la Dépêche à Crozet.


Fig.40 Sacs à bord du Marion Dufresne.



VII .2 : pour la Terre Adélie, les sacs postaux sont amenés de la gérance sur l’Astrolabe par hélicoptère, et sont transportés jusqu’à Hobart. (Fig.41/42/43)



Fig.41
La Dépêche
prête à être
transbordée
à bord de l’Astrolabe pour la rotation R0
de novembre 2020.




Fig.42 L’Astrolabe à Dumont d’Urville.


Fig.43 La Dépêche à bord de l’Astrolabe.

Là, TWSS, le transitaire de l’IPEV, récupère les sacs et les transporte jusqu’au dépôt de la Poste australienne. La Dépêche est alors transférée au Hub de La Poste à Roissy par voie aérienne via Melbourne et Hong Kong.

C’est la Cathay Pacific qui assure cette prestation. Pendant la période de confinement, compte tenu de l’annulation de nombreux vols, le courrier a transité par Dubaï au lieu de Hong Kong, mais il n’a pas pris de retard, ni dans un sens, ni dans l’autre.

VII.3 : pour les Eparses, c’est un avion de l’Armée de l’Air (Fig.44) qui assure le transport entre les îles


Fig.44 Décollage aux Glorieuses.

(sauf Tromelin, desservie par le Marion Dufresne) et la base de La Réunion. A l’arrivée, les sacs de la Dépêche sont transportés par la Gendarmerie, jusqu’à La Poste de Saint Pierre. Ceux destinés au siège des TAAF (étiquettes jaunes, courrier administratif) sont séparés et les autres sacs sont dirigés vers St Denis Messagerie.

A ce stade, le courrier de la Dépêche est traité par La Poste selon trois situations possibles :
    Les sacs de la série 1000X, renfermant le courrier prioritaire sont dirigés immédiatement vers l’aéroport de St Denis pour un départ avec le premier avion à destination de Roissy où ils sont ouverts, triés et insérés dans le circuit postal habituel.
    Les sacs de la série 2000X prendront un avion dans la semaine pour Roissy.
    Les sacs destinés aux pays de l’Océan Indien, sont ouverts, le courrier est trié et mis dans le circuit postal habituel à La Réunion.

En guise de conclusion
Le traitement du courrier vers les TAAF et retour est donc d’une complexité qui n’apparait pas au premier abord et qui est parfois source d’approximations, heureusement sans conséquence sur la qualité du service.
Les acteurs de ce processus sont nombreux et ne sont pas que des acteurs postaux. C’est le cas principalement pour les personnels du Marion Dufresne et de l’Astrolabe, de l’IPEV à Hobart et de son transitaire TWSS, de l’Armée de l’Air pour les Eparses. Il est donc indispensable qu’un suivi attentif soit réalisé et qu’une bonne communication assure l’information des intervenants à chaque étape. C’est le rôle de l’administration des TAAF, en particulier le service informatique et communication du siège (STIR), à Saint Pierre de La Réunion et du Responsable de la philatélie et de la poste des TAAF à l’antenne de Paris.
Le rôle des Gérants postaux sur les bases est primordial, car lors des arrivées des rotations sur les bases des districts, le temps leur est compté pour réaliser des opérations précises.
C’est à ce prix que les personnels des bases restent en contact avec la Métropole et que les philatélistes du monde entier continuent de recevoir des plis du bout du monde !