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Catégorie : Insolite


MON TIMBRE EN LIGNE : DEUX ANS DEJA

Rédigé par APN.


samedi 30 avril 2011

Durant l’été 2009, un premier bilan (provisoire) des six premiers mois d’utilisation de « Mon timbre en ligne » pouvait être dressé[i]. Qu’en est-il aujourd’hui de ce service de fabrication à domicile de timbres imprimés sur ordinateur, proposé en France depuis maintenant plus de 2 ans ?


Première réponse : après un lancement hésitant, le succès s’est affirmé. Ces timbres ont trouvé leur place dans la (trop ?) vaste gamme des produits d’affranchissement proposés par La Poste. Si encore peu de particuliers sont séduits par les facilités qu’il offre, de nombreux émetteurs de courrier professionnel en font maintenant usage. Pour un volume de lettres expédiées dépassant quelques unités/jour sans pour autant justifier la location d’une machine à affranchir le courrier, l’emploi du MTEL est particulièrement commode : impression sur son ordinateur, chez soi, d’un timbre au tarif calculé selon le poids et la destination, semi-personnalisation de l’illustration des vignettes d’affranchissement, paiement sur un compte facile à réapprovisionner (par carte bancaire), dépôt dans n’importe quelle boîte aux lettres semblent être des avantages appréciés par les professions libérales, les TPE, les associations, qui sont usagers le plus fréquemment rencontrés sur les plis revendus par Internet ou dans le tri du courrier adressé aux mairies et aux caisses de retraite. Ainsi, les dernières factures MTEL émises par le service gestionnaire à La Poste dépassent le n° 540 000, ce qui correspond à un rythme mensuel moyen de 20 000 depuis l’origine. Il existe certes des limites au nombre de timbres susceptibles d’être imprimés : une TPE peut acheter jusqu’à 250 € de timbres par période de 30 jours ; pour les particuliers, le plafond est à 75 € ; limites auxquelles on peut voir deux explications : inquiétude de La Poste sur les paiements par carte bancaire ? Volonté de ne pas concurrencer les machines à affranchir ? Quoiqu’il en soit, ces montants correspondent assez bien aux besoins en affranchissements des offices de notaires ou des cabinets d’architectes, de médecins, de comptables, d’ingénieurs-conseils FIG. 1. Pour reprendre un terme de marketing, les MTEL sont un excellent « produit de niche », bien adapté aux besoins de ce type de professionnels.

 ▲ FIG. 1 MTEL oblitéré le 3 septembre 2009, machine TOSHIBA TSC 1000, 
 marque standard 4 vagues longues en w, 
 ROC 26479A de la Plate-forme Industrielle du Courrier (PIC) de Lognes. 



Deuxième observation : au départ limitée à deux mois, la durée d’emploi de chaque MTEL a été portée à six mois (exactement 24 semaines, soient 168 jours), ce que le site de La Poste montre depuis le 19 février 2010 FIG. 2.

 ▲ FIG. 2 Capture d’écran du site de La Poste : la durée d’emploi figure dans les trois lignes du bas, au centre. 



D'après l’opérateur postal, la limitation de validité des « timbres en ligne » avait été décidée pour limiter la taille de la base de données de contrôle. En effet le dispositif de contrôle repose sur la lecture automatique par les MTP (Machines de Tri Préparatoire) de la Data Matrix (code 2D) présente sur chaque marque côté droit. Des tests-clients ayant montré que la limitation initiale à 2 mois était jugée trop courte, obligeant l’usager à la vigilance et freinant les achats, elle a logiquement été augmentée. L’utilisateur devra cependant veiller à ne pas stocker trop de vignettes d’avance qui pourraient s’avérer inutilisables après une modification tarifaire. Encore que les CGV[i] – trop ignorées – le prévoient explicitement au § 5.3 « Dans le cas d’une augmentation tarifaire de la valeur faciale du Timbre-poste, et si le Client dispose de Marques d’affranchissement imprimées antérieurement, il peut continuer à les utiliser pour l’affranchissement de ses envois à titre exceptionnel pendant la période de transition et ce jusqu’à la date de fin de validité mentionnée sur ses Marques » FIG. 3.

 ▲ FIG. 3 MTEL valable jusqu’au 3 septembre oblitéré le 22 mars 2010 
 par la MTP Toshiba TSC 1000 de la PPDC de Reims. 


Troisième constat : il concerne ce contrôle des MTEL dans les Centres de Tri. Alors que nos premières observations avaient relevé différents dysfonctionnements dans l’oblitération de ces affranchissements par les machines à grande capacité MTP TOSHIBA TSC 1000, les défauts de jeunesse semblent avoir été corrigés. Un des intérêts des « Mon Timbre en Ligne », c'est leur interaction avec les oblitératrices, celles-ci devant être capables de reconnaître le code 2D, de vérifier la validité du code barre, de vérifier la conformité de la date d'utilisation, de vérifier dans une base de donnée l’existence du timbre en tant que neuf, d'informer la base de l’utilisation. Toutes ces fonctions apparaissent aujourd’hui bien maîtrisées pour peu que les MPT soient correctement programmées[i]. Ainsi, les MTEL disposent à présent d'une annulation spécifique [ii] FIG. 4.


 ▲ FIG. 4 Oblitération spéciale MonTimbrenLigne frappée par une MTP TOSHIBA TSC 1000 : vagues courtes en N ; 
 indications de services inversées en deux blocs-texte (La Poste/ France à droite) ; 
 grand espace entre vagues et textes. Code ROC 38276A de la PIC de Wissous Paris-Sud. 



Pour le collectionneur, cette empreinte a pour avantage de démontrer que l’affranchissement est un vrai MTEL et non pas une copie ou un faux fabriqué de toute pièce. À ce titre et parce qu'ils sont (assez) faciles à falsifier par des informaticiens un peu habiles, les « Mon Timbre en Ligne » se collectionnent de préférence sur lettre avec une oblitération spéciale frappée par une TOSHIBA TSC 1000. On peut en effet utiliser une imprimante virtuelle, ou numériser un MTEL imprimé. Aucun moyen ne permettra de différencier ces reproductions des "véritables" ! Ni d'ailleurs de savoir si le « Mon Timbre en Ligne » n'est pas une totale invention puisqu’il n'est pas possible de savoir si un code 2D est authentique ou inventé.

 ▲ FIG. 5 Exemple de faux MTEL fabriqué de toutes pièces 
 à titre démonstratif par un philatéliste, blogueur notoire. 


Quatrième remarque, relative aux visuels : Les MTEL sont toujours aussi peu esthétiques qu’à l’origine : la Data Matrix reste d’un poids excessif tout comme les indications de service (La Poste / France, tarif, code alphanumérique). De ce fait, avec ses 35 x 21 mm l’illustration thématique est réduite à des dimensions congrues. Par ailleurs, la qualité des images est d’autant plus faible que les papiers utilisés pour les produits grand public sont fragiles et ont une durée de vie moindre que ceux utilisés par La Poste. De plus, l'utilisation d’imprimantes à jet d'encre par rapport aux imprimantes laser et d'étiquettes ou d'enveloppes autocollantes, (connues pour jaunir rapidement) donne des images d’un rendu assez médiocre et risque de surcroît de poser un sérieux problème de conservation à moyen terme.

Il reste que les gestionnaires du produit à la Direction du Courrier de La Poste [i] font d’incontestables efforts de renouvellement des visuels. Depuis l’origine, 9 catégories sont proposées (animaux, évènements, monuments, métiers, nature, sports et loisirs vie associative, vie de l’entreprise, logos en NB) offrant chacune 16 images couleur (autant en noir et blanc) auxquelles s’ajoute le visuel de la semaine. A l’intérieur de chacune, de nombreuses illustrations ont été retirées, de nouvelles sont apparues. Le « turn-over » est particulièrement élevé dans les catégories « Monuments et terroirs » « Sports et loisirs » avec au moins une image nouvelle par mois. Pour les collectionneurs « thématistes », ces affranchissements constituent donc une intéressante ressource d’appoint qui diversifie les présentations, en dépit du caractère parfois « fruste » de certains visuels FIG. 6 & 7. Notons aussi que la recherche de matériel peut aussi conduire à s’intéresser aux timbres mis en ligne par certaines postes étrangères FIG. 8A, 8B.

 ▲ FIG. 6 Les MTEL offrent un choix de monuments français et étrangers. 


 ▲ FIG. 7 Figurine symbolique de l’esprit associatif, également utilisable dans une thématique sur le nombre 5, 
 marque d’oblitération spécifique aux MTEL issue de la TOSHIBA TSC 1000 de la PIC Wissous Paris Sud ROC 38276A. 


 ▲ FIG. 8A Timbre en ligne de la Poste suisse, appelés Webstamps. 


 ▲ FIG. 8B Timbre personnalisé de la Deutsche Post imprimé sur enveloppe, 
 commercialisé sous le nom de PlusBrief-Individuel (image de 32 x 27mm). 


Cinquième constat, concernant le statut philatélique des timbres en ligne. De nombreux collectionneurs n’ont pas saisi d’emblée l’intérêt des « Mon Timbres En Ligne » lancés peu après les « MonTimbràMoi » les « iDtimbres » autocollants ou imprimés sur enveloppe FIG. 9 ou les « Collectors » en tous genres, vite devenus surabondants. Certains philatélistes ont cependant perçu la parenté des MTEL avec les Empreintes de Machine à Affranchir acceptées dans les collections depuis bientôt un siècle[i] Certes, les différences sont nombreuses [ii] mais avec les EMA, les MTEL partagent le fait d’être imprimées par le client et chez lui, sur une enveloppe ou sur une étiquette, avec un tarif calculé par la machine en fonction du poids et de la destination du courrier et avec une facturation périodique effectuée par La Poste sur un compte client. Par ailleurs, du fait de la numérisation du tri du courrier, certains opérateurs postaux comme l’US Postage requièrent dans les EMA l'impression d'un carré de pixels blancs et noirs renfermant les données de l'envoi, sur un principe analogue à celui des timbres en ligne français, le code FIM, également présent permettant le redressage lors du passage dans les MTP[iii] FIG 10.

 FIG. 9 ▲ IDTimbre imprimé sur enveloppe : offre de timbre 100% personnalisé faite aux entreprises ou aux gros émetteurs. Oblitération du 19 avril 2010 par la TOSHIBA TSC 1000 du CTC Nanterre code ROC 18769A, marque en 3 blocs-texte « lettre/prioritaire- La Poste/date jjmmaa- n°ROC/France » 4 vagues courtes en N. 

 ▲ FIG. 10 Empreinte de machine à affranchir des États-Unis 
 disposant d'une Data Matrix (au centre) et d’un code FIM (à gauche). 


Les « Mon Timbres En Ligne » français ne sont pas non plus sans quelques ressemblances avec les vignettes d’affranchissements issues de distributeurs en libre-service, les LISA(s): parfaitement entrées dans le domaine des collections, cataloguées et acceptées dans les présentations : Impression d’une étiquette autocollante au tarif de son choix selon le poids et la destination, illustration de couleur pour certaines. Avec des différences évidemment importantes au niveau du service, la moindre n’étant pas que la LISA ne peut être imprimée qu’au bureau de poste (permanent ou temporaire). C’est pourquoi certains spécialistes avertis [i] considèrent les « timbres en ligne » comme un « mix » d’EMA et de LISA. Avec eux, on peut donc penser que tout comme ces produits, les MTEL arriveront bien un jour à surmonter l’ostracisme dont certains philatélistes font encore preuve à leur égard.


                                                           MICHEL KREMPPER Amicale Philatélique de Nanterre Avril 2010. ________________________________________________________________________________________________ ________________________________________________________________________________________________ [i] Mis en ligne le 1er août 2009 sur le blog de l’Amicale Philatélique de Nanterre APN 92, publié dans L’Echo de la Timbrologie n° 1833 octobre 2009 pp. 46-49.
________________________________________________________________________________________________ [ii] Conditions Générales de Vente. Elles doivent être acceptées par le client avant le bouclage de la transaction.

[i] « Errare humanum est » : les défaillances dans la programmation des MTP font le plaisir des amateurs d’empreintes fautées … et alimentent les blogs philatéliques …

[ii] Le courrier des lecteurs de l’Echo de la Timbrologie n° 1848 mars 2011 p.8 en présente quatre, en faisant remarquer que ce type de marque d’annulation à deux blocs-texte et à vagues courtes n’a été vu que sur des MTEL.
_________________________________________________________________________________________________ [i] Au sein de La Poste, les T-P « ordinaires » sont produits par Phil@poste, les MTEL sont développés par la Direction du Courrier.
_________________________________________________________________________________________________ [i] Les EMA sont apparues dans les années 1920/25 et ont été collectionnées (et cataloguées) dès les années 30.

[ii] La plus importante étant que les affranchissements par empreinte mécanique ne sont pas oblitérés, au contraire des MTEL

[iii] L’Echo de la Timbrologie n° 1836 janvier 2010 pp.48-50 « FIM importés des Etats-Unis ».

_________________________________________________________________________________________________ [i] Par exemple Dominique Stephen sur http://www.blog-philatelie.com

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