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Catégorie : La Poste à Nanterre


PHILIPPE DESBRUYÈRES DIT « LE TIENNY » PRISONNIER DE GUERRE FRANÇAIS EN ALLEMAGNE

Rédigé par APN.


vendredi 10 avril 2015



Mon grand oncle Philippe Desbruyères, né le 11 novembre 1878 (date prémonitoire) était de la classe 1898. Il avait effectué son service militaire de 1899 à 1902 avec le grade de caporal.


Après la déclaration de guerre, il fut mobilisé en octobre 1914, date tardive en raison de son âge (36 ans). Incorporé au 64ème Régiment territorial le 19 octobre 1914 puis au 368ème Régiment d’Infanterie, il obtint les grades de sergent le 4 juin 1915 et sergent-chef le 28 juin 1915.


Il fut fait prisonnier probablement peu après Juillet 1915 car il écrit une carte de correspondance des armées le 31 juillet. Cet événement s’est produit dans les Vosges alors que son régiment attaquait. Croyant les allemands devant, les soldats du régiment ont, sans le savoir dépassé les lignes ennemies et ont été contournés.



Philippe Desbruyères fut transféré au camp de Landau situé en Rhénanie Palatinat au nord-ouest de Karlsruhe fin 1915. Il y resta jusqu’à la libération fin 1918. Il appartenait au 2ème bataillon de la 7ème compagnie de prisonniers comme en témoignent les cartes écrites à sa famille. Le cachet de censure apparaît au verso porteur du n° 28.


Ce camp reçu une visite de délégués espagnols le 14 avril 1916. A cette date, il comptait alors 1077 prisonniers dont 855 français.


Philippe fut démobilisé le 20 février 1919.


Son petit-fils, mon cousin Claude Guyot a fait paraître à droits d’auteur en 2009 un ouvrage intitulé « Mon Grand-Père Le Tienny ».


Sur le site : www/europeana1914-1918.fr on peut retrouver dans la rubrique « prisonniers » l’histoire de Philippe grâce aux informations et aux documents transmis par mon cousin.


Philippe Desbruyères en captivité au camp de Landau, mars 1916.

Carte de correspondance du 31 juillet 1915.

Carte de prisonnier du 7 février 1916.

Lettre à ses sœurs du 25 novembre 1916.




Courrier du 25 novembre 1916


Chères sœurs,

Je bien reçu la dernière lettre d’Henriette. J’espère avoir bientôt des vos nouvelles. Je vous avais demandé des livres parce que je savais que vous aviez beaucoup d’invités et je pensais qu’il y avait des lectures et que vous auriez pu m’envoyer de ceux-là mais je ne pensais pas que vous en achèteriez. J’ai eu des nouvelles de Paris et de Corancy il y a peu de temps. Les nouvelles sont toujours bonnes pour Tous. Louise me dit qu’elle retient Louis le soir pour ses leçons car le calcul ne va pas fort et que jeanne fait seule ses additions et qu’elle sait sa table sur le bout du doigt. Ma sœur me semble pas vouloir déménager mais ça ne fait rien, comme ça elles verront bien. Je pense avoir une lettre de Philippine de Paris qui aura peut être vu Octave. Francis doit être chauffeur car ma sœur dit qu’il a maigri. Pour moi la santé est toujours très bonne. J’ai bien reçu les colis du 24 octobre, je crois. Je n’ai pas encore les livres. Je crois aussi que je ne suis pas à la veille de vous revoir. La quarantaine me prendra probablement ici, mais il n’y a rien à faire au destin. Je le désirerais même et retrouver tous nos enfants en bonne santé. Je suis toujours occupé aux colis, c’est une occupation qui permet de se donner un peu d’exercice, il se pourrait que nous soyons astreint à aller au travail dehors. Je vous en parlerai plus tard. Doussot de Corancy et Bouvier sont toujours au travail. Rien de plus à vous communiquer, c’est toujours la même chose. Donnez-moi autant que possible des nouvelles de Tous. Le bonjour de ma part à Tous ainsi qu’à la famille Guéroult. Je vous embrasse bien affectueusement.

Comme je vous aime votre frère Desbruyères.


Lettre à ses sœurs du 16 décembre 1916.




Courrier transcrit du 16 décembre 1916


Chères sœurs,

Je n’ai pas reçu de vos nouvelles depuis longtemps. J’en aurai peut être même ce soir, mais je suis obligé d’écrire aujourd’hui. J’ai bien reçu le colis du 8 en bon état, ce qui était dans la boîte était bon et le reste aussi ; Pour Louis, je suis le premier à comprendre le cas, mais il y a aussi bien des cas de s’en tirer et il ne faut pas se lamenter avant les faits, certes c’est bien lui qui m’est le plus cher pour le moment car je vois les autres à couvert pour le moment, mais malgré cela, je veux penser le contraire d’Henriette. J’ai parlé à ma sœur pour le déménagement, elle m’a toujours répondu que je n’avais rien à craindre, que je ne devrais rien, que je n’avais pas un salaire assez fort pour indemniser le propriétaire, alors j’ai écrit à louise qu’elles étaient sur les lieux et qu’elles pourraient voir mieux que moi qui voyait toujours les frais s’accumuler, mais si cela n’est pas le cas tant mieux. Les dernières nouvelles datent du 29 novembre, rien de nouveau au pays. J’ai reçu une carte de notre ami Guetré lui-même, il est chez lui, sa carte est bien rédigée et ne vous oublie pas, il m’annonce encore un colis, il pense qu’il s’en remettra complètement. Combien sa femme et ses Parents ont du être heureux, et nous après avoir vu son état. Pour moi la santé est toujours bonne. Bouvier et Doussot sont toujours au travail. Je profite de cette lettre pour vous souhaitez mes meilleurs vœux de bonne année, espérant malgré tout que la nouvelle année nous apporte la paix dont on parle aujourd’hui, mais hélas sans espoir je crois. J’ai bien reçu une lettre d’Octave pendant son séjour à Paris. Je pense que le cousin Henri a été au pays et que sa femme ne va toujours pas. Je voudrais bien pouvoir vous écrire plus souvent mais je ne puis faire plus. Jeanne m’a écrit qu’elle avait eu un beau manteau de sa tante Philippine et qu’elle l’avait porté le jour même de la Toussaint. J’ai dit à Louise qu’elle les fasse photographier au Printemps comme elle l’a fait l’année dernière, peut être dira-t-elle c’est assez vous lui direz que tous les ans ne suffisent qu’à peine étant donné les circonstances.


Correspondance du 19 août 1917.

Carte avec cachet de censure.

Correspondance du 5 septembre 1917.
                                                                                                                        APN - Christian Raget

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