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Catégorie : La Poste à Nanterre


HISTOIRE POSTALE DE NANTERRE.
Le parc d’aviation de La Folie.

Rédigé par Jean Grillot.


mardi 1 avril 2025

En 1916, pour les besoins de l’aviation militaire naissante, l’Etat fait l’acquisition d’une large parcelle entre la voie ferrée Paris-Saint Germain et l’avenue de la République à Nanterre, pour y établir un camp de matériel aéronautique, appelé « Camp de la Folie ». Il est composé de vastes bâtiments, de briques et de béton, ou en bois, renfermant des magasins de pièces détachées d’avions. Certains baraquements servent de logements, de bureaux et de mess aux militaires. Un embranchement de chemin de fer est réalisé à partir de la ligne Paris-St Germain et un premier bâtiment de gare, en bois est construit pour marquer l’arrêt.

Il emploie du personnel civil et militaire.
En 1916, les travaux sont engagés et pilotés par la Direction du Génie de Paris, Chefferie de Paris-Nord.
La pénurie de main-d'œuvre masculine s’impose aux autorités françaises dès 1914 comme un des problèmes les plus aigus. Cela amène l’Etat à avoir recours aux travailleurs étrangers, coloniaux et chinois. L’État français va recruter plus de 225 000 travailleurs coloniaux et indochinois (soit plus de 7 % de la main-d'œuvre militarisée et 16 % de la main-d'œuvre civile) dans les usines d’armement. C’est ainsi qu’une compagnie de travailleurs indochinois est affectée à la construction du Camp de la Folie, sous statut militaire.
Le Camp est désigné comme « Entrepôts Généraux de l’Aviation Maritime », dès 1916.

A droite, cachet de la « Direction du
Génie de Paris, Chefferie de Paris-nord,
Travaux du parc d’aviation »
de Nanterre sur une carte de 1916.
Ci-dessous, le même cachet sur lettre de
1918. La franchise postale militaire est
validée par la signature de « L’aspirant
du génie », en bas à gauche.


A droite, cachet de l’« Aviation maritime,
service du ravitaillement »
sur lettre en franchise de 1917.


Des bataillons de prisonniers sont également affectés à ces travaux. Ils sont issus des différentes régions de l’Allemagne et de l’empire austro-hongrois. Le camp de prisonniers de Nanterre est un détachement de celui d’Etampes. Il porte le n°102.
C’est le même détachement qui a été affecté pour réaliser des travaux au port de Bonneuil en Seine et Marne. Le dépôt des prisonniers de guerre a sa propre administration militaire.



Carte-lettre de 1916, avec cachet
du vaguemestre du
« Dépôt des prisonniers de guerre de Nanterre ».

Même cachet du vaguemestre avec mention manuscrite
« Service des interprètes, Dépôt des P.G.».





Cachet de 1918 du commandant du
Dépôt des prisonniers de guerre.

Autre cachet du « Dépôt régional des prisonniers
de guerre d’Etampes, détachement de Nanterre »
sur lettre de 1916.



Lettre écrite par
un prisonnier hongrois
en 1919.
Utilisation d’une carte du
dépôt de prisonniers de
Romans, mais cachet de
censure de Nanterre.



L’entier postal hongrois ci-dessus a été émis pour le courrier externe (international), avec une valeur nominale
de 10 filler. Il a été expédié le 15 Avril 1919 de Felsöittebe (CAD Felsöittebe 919 APR 15) vers le camp de
prisonniers de guerre de Nanterre.
Le système de datation hongrois commence par l’année, suivi par le mois et le jour. La correspondance a été
censurée par les Serbes à Pardany, action attestée par un cachet avec le texte en lettres cyrilliques
(ЦЕНЗУРИРАНО У ПАРДАҢУ). Le prisonnier destinataire de cette carte postale, Zsivkov Bogdan, était un soldat
de l’armée hongroise. L’orthographe du nom est clairement hongroise, il se prononce Jivkov.



Carte lettre pour la correspondance des prisonniers pendant la Première Guerre Mondiale. Cette carte a été
écrite le 30 mai 1917 par un prisonnier autrichien du dépôt de Nanterre, mais qui, à cette date, travaillait à
Bonneuil sur Marne: mention manuscrite « par Nanterre » à gauche et cachet de censure autrichien à Vienne.
Le numéro de groupe « 102 » est également mentionné. Ces prisonniers participaient
aux travaux d’aménagement du camp de La Folie.


Les ouvriers travaillant pour l’aviation étaient organisées en compagnies d’ouvriers d’aviation.
Nous les présenterons dans un prochain Lien Philatélique.