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Catégorie : La Poste à Nanterre


HISTOIRE POSTALE DE NANTERRE.

Témoignage d’un philatéliste.


lundi 1 avril 2024

« Impressions du dimanche 1er janvier 1989 »

                 
Impressions…, oui, mais pas de n’importe quel dimanche !

Nous avions été en effet prévenus : nous aurions, pour la première fois, à Nanterre, un premier jour, le premier jour de l’année 1989…. Renversant ! et évidemment révolutionnaire !

Pourtant, au stade Gabriel Péri de la ville, nous n’étions pas très nombreux, ce 1er janvier 1989. Trop peu à mon avis pour fêter l’envol des quatre montgolfières. Et cependant, il ne manquait même pas le petit garçon venu de Bordeaux, exprès, car il avait reçu une invitation en bonne et due forme et que sa mère accompagnait.

Mon invitation à la main, en me dirigeant avec une certaine fierté vers l’entrée du stade, j’ai vite constaté qu’elle ne me servirait à rien. L’entrée et l’approche des appareils étant on ne peu plus élémentaires, je profitai de ma jolie carte révolutionnaire pour la transformer en document philatélique moyennant le timbre du jour, une magnifique oblitération et l’aimable signature du commandant de bord de l’un des quatre monstres avant leur départ dans les airs.

Sous un ciel désespérément morne, les techniciens s’affairent au sol. Plusieurs spectateurs dont moi-même peuvent timidement décoller de quelques mètres. Oh, cette nacelle dans le vent ! Je mesure modestement les pas franchis par l’aviation depuis deux siècles. Je me fais une réflexion à haute voix : “En ce temps-là, on avait le temps de voir venir le temps… !”. Un peu banal et pas révolutionnaire, ça !

Mais enfin, n’ayons pas trop de regrets ! Après tout, ces doux rêveurs que sont les philatélistes, – et malgré les perspectives de la mécanisation et les étiquettes automatiques postales envahissantes –, disposaient bien en ce premier jour exceptionnel de leur vrai tampon manuel. Pardon ! il y avait deux tampons : un pour le premier jour du timbre et l’autre pour le voyage spécial ballon.

Mais, oh déception ! seule peut prendre l’envol, l’enveloppe spéciale vendue 15 francs par le bureau spécialement prévu aussi à cet effet par le surprenante convention mal connue et mal annoncée.

Je serais presque furieux si je n’étais pas un stupide philatéliste. D’autre part, l’enveloppe commémorative timbrée 15 francs est au profit de la Fondation de France – Droits de l’homme dans le monde. Pourquoi pas ? Mais en me rendant à la fête, je m’étais imaginé dans ma petite tête que le document le mieux indiqué pour ce genre de manifestations ne pouvait être que le nouvel aérogramme dont c’était aussi, ce jour-là, le premier jour précisément, reproduisant le même timbre du Bicentenaire de Folon ainsi que le logo PhilexFrance 89. Un document complet, quoi ! et, de plus, moins lourd que l’enveloppe officielle.



Enfin ! Pourvu que toutes les tonnes de courrier philatélique officiel de la France républicaine puissent prendre réellement l’envol, au grand dam des commandants de bord qui craignent des problèmes ascensionnels… Qui sait ? Les voies révolutionnaires sont infinies.

Maintenant l’émotion me serre la gorge. Une comédienne attitrée, paraît-il, lit les articles de la Déclaration des droits de l’homme et, au son d’une musique envoûtante au rythme montgolfiérant, le premier ballon se détache du sol dans le vivat ému de ce qui maintenant me semble une petite foule. C’est le ballon de mon commandant de bord, celui qui a signé mes quelques documents philatélistes historiques du jour.

      Il vole, il vole ! Et il pleut ! Il pleut de merveilleux petits livrets de la Déclaration des droits de l’homme de 1789 et de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1848.      


Puis, l’un après l’autre, les trois autres ballons quittent le sol. C’est une symphonie… Je rêve encore un moment. Ma fille freine une petite larme qui brille dans ses yeux. Ce n’est qu’une enfant. Elle est heureuse, car elle a vu ! Et elle me dit qu’un jour elle racontera cela à son petit frère. Elle lui parlera de philatélie. Forcément !

Quelle émotion !

Le soleil n’était pas au rendez-vous. Mais des millions de petits timbres colorés aux couleurs du drapeau de la France républicaine émettaient depuis si haut des millions de petits soleils qui éclairaient notre premier dimanche révolutionnaire de la nouvelle année.

C’était vraiment un vrai premier événement. La philatélie était passée par là, avec sa poésie pleine de rêves exotiques et tellement inexprimables.

Antoine Sidoti.

Verso de l’aérogramme avec signature
de l’aérostier du ballon dans lequel
je suis monté avec ma fille.

Souvenir philatélique adressé au Président de l’Amicale à cette date, avec cachet Premier Jour
du timbre et oblitération temporaire, souvenir du voyage en ballon à Nanterre.