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Catégorie : Marcophilie et Affranchissements


AFFRANCHISSEMENT COMPOSE, AFFRANCHISSEMENT TARDIF, AFFRANCHISSEMENT INTERDIT

Rédigé par Nanou.


dimanche 23 août 2009

Le pli que voici a été oblitéré le 13 juillet 2009. Il est passé par la MTP Toshiba du Centre de Tri du Courrier de Lempdes Clermont-Ferrand ROC 12599A «comme une lettre à la Pose» pourrait-on dire (?), en dépit de l’anomalie qu’un contrôle manuel eut parfaitement détectée. On y trouve la marque «standart» des courriers non-prioritaires : deux blocs de caractère suivis de vagues en «M».


En guise d’affranchissement, la lettre comporte deux timbres-poste : une Marianne de Gandon 3 francs associée à une Marianne de Beaujard 0,05 euros. Il s’agit donc d’un affranchissement « composé » au sens du Dictionnaire de l’Académie de Philatélie : «obtenu à l’aide de T-P appartenant à des émissions différentes du même pays». A ne pas confondre avec un affranchissement « mixte » qui réunit sur un même pli des timbres de pays différents. Depuis l’origine de la philatélie, les compositions sont innombrables.



Le «hic» de notre pièce tient aux unités monétaires de chacune des deux émissions : l’Euro pour la Marianne de Beaujard, le Franc pour celle de Gandon.


Le catalogue Dallay nous apprend que si la première date du 1er juillet 2008, la seconde remonte au 20 mars 1946 et fut retirée le 15 novembre 1947, après avoir affranchi les lettres simples au régime intérieur jusqu’au 1.1.1947 puis la CP 5 mots les 1&2.1.1947. L’unité utilisée sur ce timbre est donc ce qu’on a appelé l’ancien franc après le changement intervenu en 1960, lorsqu’il fut décidé que 100 francs d’avant le 31 décembre 1959 vaudraient 1 nouveau franc.


YT 716, Dallay 726,Dessin Pierre Gandon, gravure Henri Cortot.



Ainsi, la valeur en euros de notre affranchissement composé n’est pas de 0,05 + 3/6,56… = 0,51 euros comme s’il s’était agit d’un T-P en Nouveau Franc, ainsi qu’ a voulu le faire croire son expéditeur. Sa valeur n’est en réalité que de 0,05 + 3/100ème de 6.56 ce qui donne au total 0,08 euros. Soit une insuffisance est de 0,43 euros au tarif du 1er mars 2009 pour l’éco’ pli.


Normalement, la lettre eut donc du être taxée au destinataire. Mais comme la machine s’y est trompée, le personnel de la Poste également, elle a été remise telle qu’elle. Pour devenir une (petite) pièce d’histoire postale.


De la même veine et également très intéressant, cet autre affranchissement composé avec la Marianne de Gandon 3 F en utilisation tardive, présenté par Sophie Bastide dans le n° 1822 d’octobre 2008 de «l’Echo de la Timbrologie».


La lettre a pareillement été oblitérée par une MTP Toshiba. Cette fois, celle du CTC Montigny-le-Bretonneux ROC 16472A où elle est passée le 04-08-08 et où elle a également reçu la marque « standart » des plis non-prioritaires. Sans plus de problèmes, ni pour le destinataire, ni pour l’expéditeur bien qu’il s’agisse ici d’un pli à la fois insuffisamment affranchi et composé avec des timbres illégaux.





Occasion de faire le point sur les limites d’utilisation des timbres français neufs.


Comme l’écrit l’Echo : «Qu’ils soient en euros, en francs nouveaux ou anciens, la plupart des timbres français peuvent être utilisés pour affranchir le courrier du moment où leur montant (ou la somme de leurs valeurs faciales) correspondent au tarif en vigueur. Toutefois, ce n’est pas le cas pour certains d’entre eux qui ont été démonétisés, c’est à dire ont perdu leur pouvoir d’affranchissement ; moins d’une centaine. Parmi eux les Semeuse, les séries Orphelins, J.O. de 1924, Arts déco. ou surchargés de la Caisse d’Amortissement». Ces timbres démonétisés ne sont donc plus admis pour affranchir le courrier puisqu’ils en ont perdu le pouvoir ; cette non-autorisation conduisant à l’application d’une taxe au destinataire (en principe).


Par suite d’une décision intervenue au 1er novembre 1944 après la Libération du territoire et la chute du régime de fait dit «Etat Français» fondé par le maréchal, les timbres «Pétain» ont également été démonétisés. Les conséquences de leur emploi sur le courrier sont cependant différentes.

Emission 4 12 1941, YT 505, Dallay 513, dessin et gravure Jean Vital Prost.



En effet, «ces T-P ont non seulement perdu leur pouvoir d’affranchissement mais ils sont également interdits,» rappelle S.B. Ce qui signifie que «tout courrier revêtu d’un timbre à l’effigie de Pétain devrait (normalement) ne pas être acheminé à son destinataire mais faire l’objet d’un retour à l’expéditeur».


«L’Echo de la Timbrologie» ne précise pas si le pli a ou non été retourné à son auteur. Mais il est fort probable que, comme le précédent, il a du être distribué à l’adresse de destination. En effet, les allers-retour de courrier coûtent de plus en plus cher à La Poste, sans compter les manipulations intermédiaires et le temps passé par les facteurs à la perception des taxes, le tout pour un gain limité. Aussi bien, l’Opérateur historique se donne t’il de moins en moins les moyens de faire respecter une réglementation méconnue par un nombre croissant de ses agents. Surtout quand elle a 65 ans.


                                                                                                    M K APN 92 août 2009

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