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Catégorie : Marcophilie et Affranchissements


MONTIMBRENLIGNE : PREMIERS CONSTATS

Rédigé par Nanou.


samedi 1 août 2009

Plusieurs fois annoncé puis reporté durant l’automne 2008, le service français de fabrication de timbres en ligne est réellement devenu opérationnel le 5 février 2009, après une tentative le 8 janvier suivie de semaines d’indisponibilité du site . Depuis, chacun peut utiliser son propre ordinateur pour émettre un authentique timbre-poste valant affranchissement de son courrier selon le tarif en vigueur. Pour ce faire, point n’est besoin d’un logiciel spécifique. Il suffit d’une machine suffisamment puissante dotée des fonctionnalités nécessaires ainsi que d’une connexion Internet.


La vignette imprimée comporte plusieurs parties, inséparables.


Décryptage :


De gauche à droite :


- Un code à barre 2D, en fait une Data Matrix contenant
les informations codées informatiquement et nécessaires au contrôle,

- Un code alphanumérique pour un éventuel contrôle manuel,

au cas où la Data Matrix serait illisible,

- La mention France en majuscule,

- Le logo La Poste,

- Au dessus : le montant d’affranchissement,

- En dessous : une date de validité,

- A droite : un visuel à choisir par le client sur la base
des propositions de La Poste.


Le service est accessible 24 heures/24, 7 jours/7. L’un des slogans de la campagne publicitaire de lancement n’a il pas été «Affranchissez vous du Bureau de Poste» ?

Une fois établie la connexion avec le site https://www.montimbrenligne.laposte.fr, l’utilisateur se voit proposer une page-écran et une procédure en plusieurs étapes, dont quatre principales :




- Première étape : d’abord « personnaliser » sa vignette.


En l’état actuel des choses, le choix n’est possible qu’entre 200 illustrations relevant des 10 thèmes du menu + un visuel spécial changé chaque semaine. Impossible donc de personnaliser avec un motif à soi. Il faudra y revenir plus loin.

Pour les collectionneurs thématistes, cette offre nouvelle est néanmoins intéressante. D’une part, il s’agit de « vrais » timbres vendus par La Poste sur tout le territoire national. En exposition F.I.P., ils sont parfaitement présentables, tout comme le sont les Empreintes de Machines à Affranchir (EMA) et les timbres issus de distributeurs (LISA), auxquels ils s’apparentent du point de vue philatélique. D’autre part, certains thèmes (faune, flore, musique …) sont bien représentés. Enfin, il paraît fort probable que les illustrations proposées seront appelées à évoluer.

Les visuels peuvent être imprimés en couleur ou en noir et blanc.





L’étape suivante est celle du choix des caractéristiques, avec 3 possibilités :


- Impression en planches d’étiquettes (plusieurs tailles possibles),

- Impression sur enveloppe ( 4 tailles),

- Impression sur bloc-roulette DYMO.


Timbre en ligne au thème Musique sur étiquette autocollante 6,3*3,4 cm.



A l’étape du paiement de l’affranchissement, les points remarquables sont :


- La possibilité d’affranchir tout courrier de 20 à 3000 g.,

- L’application de la grille tarifaire du courrier prioritaire.


Exemples :

Tarif de la lettre du premier échelon de poids.


Lettre pour la France au 3ème échelon de poids.



- Le choix de n’importe quelle destination, au départ de la France (Métropole et Outre-Mer)

- L’absence de TVA, ce qui différencie le service de celui offert, par exemple en Allemagne avec PlusBrief-Individuell taxé à 19 %.


(PLUSBRIEF-INDIVIDUELL : PERSONNALISATION D’ENVELOPPES A L’ALLEMANDE)

CARTE POSTALE EMISSIONS 2/2009



Ce timbre électronique ne comporte pas de surcoût. Ceci le distingue également de certains services étrangers. Pour La Poste -et ce point de vue nous paraît fondé - MonTimbrenLigne - doit être considéré comme un timbre-poste à part entière. La publicité insiste d’ailleurs sur le fait qu’un courrier ainsi affranchi peut être jeté dans n’importe quelle boîte aux lettres (sic !)

Sauf que chacune des vignettes imprimées comporte la mention « Valable jusqu’au jj.mm.aaaa » alors que les T-P issus de l’ITVF sont à usage illimité jusqu’à démonétisation. La date indiquée sur les MTeL correspond à 60 jours comptés du jour d’impression. Sur le site de La Poste, des « raisons de sécurité » sont invoquées pour justifier cette limitation de la durée de validité.


Cependant des philatélistes spécialistes de l’automatisation du courrier (D. Stephan dans son blog, Y.Nouazé dans celui de C. Jamet) donnent à penser que cet argument masquerait une difficulté technique : la limitation de lecture de certaines machines oblitératrices, elle même liée à leur capacité mémoire trop faible. Celle-ci ne serait simplement pas suffisante pour prendre en compte une date limite de plus de 60 jours. En outre, il semblerait que seules les TOSHIBA MTP (Machines de Tri Préparatoires) de dernière génération soient capables de reconnaître le code 2D des MonTimbrenLigne(s). En revanche, les TOSHIBA TSC 1000, mises en service en 2006, n’arriveraient ni à lire ce fameux Data Matrix Code, ni non plus le code alphanumérique.


Ceci expliquant peut-être cela ?


Courrier affranchi avec un timbre en ligne au thème cyclisme sur étiquette 9,8*3,4.


non oblitéré mais circulé (barres d’indexation sur l’enveloppe) et distribué au destinataire.


Ou encore cela ?



Timbre en ligne au tarif prioritaire imprimé sur l’enveloppe 22*11.


mais traité comme non-prioritaire par une oblitératrice TOSHIBA TSC 1000


Et sans nul doute cela aussi :

Montimbrenligne au motif violon, non reconnu par deux machines de tri.

Résultat : lettre taxée au destinataire !!!



N’étant pas expert en la matière, ne sachant ni l’importance relative de chaque type de machine à oblitérer dans le parc de La Poste, ni leurs performances, nous en resteront provisoirement là avec ces remarques. Non sans observer à travers l’exemple du timbre au thème musique ci-dessus que d’évidents progrès restent à faire par La Poste avant que l’on puisse voir ses différentes entités accorder leurs violons !

Merci en tout cas à qui éclairera notre lanterne et nous précisera aussi comment se comportent les machines oblitératrices NEOPOST face à ces nouvelles créations. En effet, les équipements de ce modèle ne semblent pas mieux reconnaître correctement MonTimbrenLigne, comme il ressort du même exemple :

Timbre en ligne valable jusqu’au 13 09 2009 oblitéré deux fois au Centre 39289A le 15 07 09
Non reconnu par la Toshiba : « Timbre non conforme » (marque par jet d’encre noire).
Non reconnu par la Neopost « Affranchissement non réglementaire A TAXER » (couleur bleue).



Ce que paraît confirmer cette autre marque d’annulation d’un MTeL :

Timbre en ligne découpé sans la date de validité et recollé
sur enveloppe Oblitération par machine Néopost à vagues pleines
Courrier arrivé à destination malgré l’insuffisance tarifaire et l’absence de date
(Tarif de la Lettre Prioritaire 0,56 depuis le 1er mars 2009).


L’étape terminale reste celle de l’impression de la vignette sur le support de son choix .

- Avant l’édition définitive, il est conseillé de tirer un timbre «spécimen» :




Son utilisation pour le courrier est évidemment interdite.

- Pour l’impression du visuel, quatre formats sont possibles, deux en paysage, deux en portrait, plus ou moins larges selon le nombre de chiffres de la faciale (3 ou 4).




Pour le collectionneur désirant exposer ses trouvailles, par exemple en section thématique, ces différences de format des visuels combinées aux différences de support, de mode d’impression et de niveau de tarification sont riches de développements possibles dans le cadre de ce qui pourra alors constituer une véritable « étude philatélique ». Sans compter tous les commentaires possibles sur les modes d’oblitération et les matériels utilisés pour annuler les vignettes.


Avant de conclure, quelques dernières remarques sur cette nouvelle offre, globalement intéressante, tant pour le client de MTeL que pour le collectionneur.


La production d’un «MonTimbrenLigne» parait en définitive assez simple. Ce qui l’est moins, c’est la circulation des courriers ainsi affranchis à travers la chaîne d’acheminement et leur passage devant le module « oblitération » de certains équipements, pourtant récemment installés. Celui-ci donne encore lieu à des nombreuses anomalies, qui parfois pénalisent l’usager lorsque le destinataire doit s’acquitter d’une taxe pour insuffisance d’affranchissement. Mais en même temps, les dysfonctionnements au stade de l’oblitération pourrons donner lieu à la production de pièces philatéliquement très intéressantes, telles celles présentées ci-dessus.


En outre, la sécurisation absolue ne semble pas garantie totalement, peut-être pour les mêmes raisons. N’a t’on pas vu apparaître sur Internet des plis ayant circulés mais comportant des vignettes totalement « personnalisées », notamment avec des « timbres courants arrangés » ?


Comme par exemple celui-ci :


Faux timbre en ligne oblitéré 6 jours après la première ouverture du site
Non reconnu par la machine TOSHIBA qui a traité la lettre comme un ECOPLI
(absence de la mention Lettre Prioritaire)


En l’état actuel des choses, cette personnalisation intégrale, théoriquement impossible, est formellement interdite. Ce qui la distingue également de l’offre allemande «Plussbrief - Individuell» dont les vignettes avec le Data Matrix Code sont ressemblantes mais procèdent davantage de l’offre «MonTimbreàMoi» ou «IDTimbre».


Les affranchissements français fabriqués à domicile par ordinateur et totalement personnalisés -hors les 200 figurines proposées- sont donc nécessairement des faux résultants de manipulations informatiques.


S’agissant des Mariannes et autres timbres issus du programme officiel arrêté par le Ministre, il est d’ailleurs précisé dans les « Questions-Réponses » du site de La Poste qu’il s’agit de modèles déposés, à ce titre non reproductibles en dehors de leur attribution à l’ITVF.


Pour l’Opérateur postal , les pertes de recette consécutives à la fraude ne devraient pas être trop importantes, étant donné le caractère marginal de l’usage du timbre en ligne. Pour l’instant. Sans doute inférieures aux coûts de mise au point des moyens de contrôle. En sera t’il toujours ainsi ? L’avenir le dira. A La Poste de se défendre. Les textes réprimant les contrefaçons de valeurs fiduciaires existent. Il n’ y a qu’à les appliquer, ne serait ce que pour faire respecter la crédibilité du système.


Terminons par une anecdote amusante :



Au sein de l’entreprise Poste «MonTimbrenLigne» a été développé et lancé, non pas par Phil@poste, ex-Service Philatélique de la Poste (SPP), mais par la Direction du Courrier. Ce choix d’organisation est logique et s’explique facilement par la nécessité d’articuler le plus étroitement possible la production de timbres par ordinateurs personnels à celle des autres éléments de la chaîne du courrier électronique (nouvelles machines de tri, de reconnaissance et d’oblitération). Fallait il pour autant que la dite Direction méconnaisse la philatélie et les philatélistes au point de ne pas savoir orthographier correctement le «programme philatélique officiel», rebaptisé "philathèlique" sur son site ? On vous le disait plus haut : cette grande maison a encore des progrès à faire dans la coordination interne …


                                                                                                              Michel Krempper APN 92 Juillet 2009

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