Le catalogue spécialisé des TAAF et de certains territoires du sud de la planète paru récemment, consacre, pour la première fois un chapitre de cotation pour les cartes IONYL oblitérées par des timbres à date des TAAF. C’est l’occasion de s’interroger sur l’origine de ces cartes manifestement publicitaires, que l’on trouve en grand nombre, oblitérées des quatre coins du monde, et pas seulement des TAAF.
Ce sont les dirigeants du laboratoire Biomarine, fondé en 1911, Maurice Heulin et Marcel Bocquet, qui, à partir de la fin des années quarante ont l’idée d’envoyer aux médecins français exerçant partout dans le monde, des cartes vantant les produits de leur fabrication, Ionyl, Plasmarine et Marinol.
Le principe est d’expédier ces cartes à partir de bureaux de Poste de divers pays selon un itinéraire appelé périple. Ce trajet est représenté sur le verso de la première carte de chaque série, qui, le plus souvent en comporte onze.
Le premier périple intitulé « Le périple de l’Atlantique de Marinol », en 1947 / 1948, est composé de neuf cartes expédiées de Dieppe, Dakar, Lomé, Douala, Brazzaville, Cayenne, Fort de France, Pointe à Pitre, et Saint Pierre et Miquelon. La première carte, postée de Dieppe, représente au verso l’itinéraire et les étapes du périple. |
On notera que les étapes des quatre premiers périples, entre 1947 et 1950, sont situées uniquement dans des pays francophones. Le deuxième périple est intitulé Le tour du monde d’Ionyl, et comprend onze cartes, alors que le troisième périple est des plus simples puisqu’il ne comprend qu’une seule carte postée à Andorre. Ces cartes sont au format 150x115 mm, format qui change à partir de 1951 en 180x115 mm. |
Cette initiative connait un franc succès dans les milieux philatéliques et cartophiles. La presse de l’époque, notamment « L’échangiste universel » souligne l’intérêt de cette collection « tant par ses timbres que par ses vues ». Le succès de cette opération va attirer d’autres entreprises soucieuses de promouvoir certaines de leurs marques. On trouve ainsi, à partir de 1951, Amora, les Papeteries d’Arches, les crayons Conté, les poteries Le Tallec, Presto, Alcasedine et Ulseda, Michelin, Poulenc, Belgana, Nestlé, Maggi, et bien d’autres encore ! |
Ce sont près d’une centaine de campagnes publicitaires qui vont utiliser ce système de périples jusqu’en 1972. A partir de 1951, les étapes vont s’ouvrir aux pays non francophones, à commencer par Barcelone, Saint Marin, Nicosie, Le Caire, Malte, les Baléares et le Maroc Espagnol. |
Les intitulés des périples rivalisent d’originalité et d’invitation au voyage ! Citons : La côte d’Afrique par les crayons Conté (1952/1953). Ionyl et Plasmarine dans le sillage de Bougainville (1954/1955). Michelin dans le sillage de Christophe Colomb aux Indes Occidentales (1955/1956). Belgana sur les traces de Livingstone (1956/1957). Amora dans le Grand Nord, sur les traces des Vikings (1957/1958). Plasmarine, Ionyl. Du Pôle Nord au Pôle Sud. Nestlé Nescafé en Méditerranée. De Gibraltar à Istamboul (1959/1960). Maggi Fridolin. Le long de l’Equateur (1960/1961). Le Tallec. De Dublin à Beyrouth (1962/1963). Ionyl aux petites Antilles (1964/1965). Amora. Escales en Europe de l’Est et du Nord (1966/1967). Amora, le tour du monde (1969/1970). Amora, le monde en fête (1972). |
et sur les traces des vikings (1957-1958). |
aux Indes occidentales. (1955-1956). |
La côte occidentale d’Afrique par Plasmarine et Ionyl. (1961-1962). |
Les cartes étaient choisies avec beaucoup de soin, et leur collection constitue donc un très bel ensemble. Elles étaient éditées par la société Publimer créée en 1952. Les cachets à date étaient en général soignés, ce qui ravissait les philatélistes. A partir de 1966, la diffusion par envoi postaux circulant à découvert de publicités pour des produits pharmaceutiques fut interdite. Ionyl et Plasmarine vont donc cesser leurs campagnes, mais d’autres marques vont continuer jusqu’en 1972, notamment Amora, y compris dans d’autres langues que le Français. Le développement rapide des messages publicitaires à la télévision va sonner le glas de ce type de campagne promotionnelle, laissant aux philatélistes et cartophiles un champ de recherche souvent insoupçonné. |
Marinol et Plasmarine. (1964-1965). escale à Wallis et Futuna. (1948-1949). |
Amora dans le sillage de Bougainville en Nouvelle Calédonie. (1954-1955). |
NB : un seul ouvrage existe recensant les périples de ces cartes ; Il a été publié en 2014 par les éditions Yvert & Tellier. Il a été réalisé par deux philatélistes de renom : Jean Storch et Bertrand Sinais. |