La poste française a émis dans les années 30 des carnets de timbres d’usage courant sur lesquels on découvre des bandes publicitaires incitant les clients de la Poste (P.T.T à l’époque) qui n’avaient pas de compte bancaire à en ouvrir un.
Cette publicité m’a incité à comprendre ce qu’ont été les comptes chèques postaux (C.C.P) et cette démarche m’a permis de découvrir ce qui suit.
1 - Les services bancaires de la Poste avant les chèques postaux.
Une dématérialisation de la circulation monétaire par voie postale, du fait des risques d’attaque par des brigands, avait déjà été instituée en 1817 en créant le mandat-poste qui connut un développement très important à partir de 1860 grâce au télégraphe.
En 1818, la première Caisse d’Épargne et de Prévoyance est créée à Paris par des banquiers privés, dont Benjamin DELESSERT qui était aussi biologiste et homme politique. Cette caisse n’obtient pas un grand succès du fait de la faible capacité d’épargne des classes populaires.
Alors, en 1835, l’État assure le placement et la garantie des fonds déposés sur les livrets et reconnait les caisses d’épargne comme établissements d’utilité publique. De plus, le réseau postal français est autorisé à collecter l’épargne populaire. Grâce à la mobilisation et à l’intéressement des receveurs et des facteurs, le livret national d’épargne remporte un très grand succès qui ne s’est pas démenti depuis.
En 1881, la Caisse Nationale d’Épargne est créée et placée sous l’autorité de l’administration des Postes. En 1900, trois millions de livrets de la CNE sont en circulation, et plus du double dix ans plus tard. Aujourd’hui, on dénombre environ 60 millions de livrets de caisse d’épargne, soit quasiment un par français. 2 - La création des comptes chèques postaux. Le service des comptes chèques postaux (C.C.P) est créé, quant à lui, suite au vote de la loi qui eut lieu le 7 Janvier 1918 après de longs débats parlementaires où le monde des affaires, notamment l’Union Française des Banques (UFB) qui considérait les C.C.P comme une banque d’état. De plus, l’opinion publique est réticente car les français ont l’habitude de thésauriser. Les chèques postaux ainsi proposés doivent permettre la création d’une monnaie scripturale (les chèques) afin de limiter des risques d’inflation engendrés, à la fin de la Grande Guerre, par la création massive de numéraire (pièces métalliques et surtout billets). L’État charge alors le ministère des Postes et des Télégraphes de mettre en place un système particulier de « compte courant postal » qui est géré à travers un réseau de centres régionaux de gestion. Le 1er Juillet 1918, six bureaux de chèques postaux, dotés d´un personnel majoritairement féminin, ouvrent leurs portes à Paris, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Lyon, Marseille et Nantes. Au vu de ses expériences acquises entre 1817 et 1910, la Poste met les guichets de ses bureaux répartis sur l’ensemble du territoire au service des Comptes Chèques Postaux. La Poste aura pour mission la popularisation et le développement de l’usage de la monnaie scripturale en faisant accepter par les français qui lui font confiance la mise en place de moyens de paiement rapides et sûrs aussi bien dans les campagnes que dans les villes. Il faut noter que le « chèque postal » n’est qu’un mandat-poste amélioré qu’il restera pendant près de 35 ans. Le compte courant postal n'est pas un compte bancaire car il ne permet aucun découvert mais donne droit à des chèques acceptés par tous les acteurs économiques. Les débuts sont encourageants : 42 000 comptes sont ouverts en 1919 ainsi que cinq autres bureaux. En 1925, le nombre de comptes C.C.P atteint 259 000. La Poste, afin d’augmenter le nombre de ses clients, s’est servie des supports publicitaires à sa disposition tels que : - Les carnets : |
- Les oblitérations mécaniques: (type Krag ou autre) sur des lettres ou des cartes postales. |
3 - Après la seconde guerre mondiale. Le développement des chèques postaux prend un nouvel élan après la seconde guerre mondiale par suite des améliorations suivantes : * Possibilité de paiement à vue après le vote de la loi du 28 Novembre 1955. Le chèque postal devient un instrument de paiement égal au chèque bancaire. * Relevé de compte après chaque journée d’opérations * Argent apporté à domicile par le facteur. On compte dans les années 1970 de l’ordre de 7,2 millions comptes. La Poste, probablement très fière de la réussite des comptes chèques postaux, a commémoré le cinquantenaire et le centenaire de leur création par l’émission des deux timbres ci-dessous. |
Timbre N° 154 - année 1968 - 50 ANS DES CHÈQUES POSTAUX) (Timbre N° 5274, 100 ANS DES CHÈQUES POSTAUX.
Lors de la commémoration des 100 ans, on apprend que les comptes chèques postaux, avec la construction de 30 centres en 1950 ont constitué un nouveau métier postal qui, du fait de sa féminisation à 80% pendant de très longues années, a permis un débouché professionnel à de nombreuses femmes sur toute la France, à de nombreuses femmes.
La Poste a également consacré la journée du timbre 1990 à ses services financiers. C’est une autre forme de publicité !!!
Enfin, le communiqué de presse de Phil@poste édité pour le centenaire des C.C.P précise qu’en y ajoutant les services de la Caisse Nationale d’Épargne, les CCP ont servi de fondement à la création de la Banque Postale le 1er Janvier 2006.
Principales sources de cet article :
Communiqué de presse Septembre 2018 de Phil@poste à l’occasion de l’émission du timbre le 2 Novembre 2018 du centenaire des chèques postaux.
Site Phil-Ouest.com : Articles « Cinquantenaire du service des chèques postaux » et « Les chèques postaux 100 ans ».
JOURNÉE DU TIMBRE 1990 Services financiers de la Poste. BANDE CARNET N° BC 2640A et Texte explicatif à l’intérieur de la couverture N° Y&T 2639 pour le timbre à fond bleu émis en feuilles et 2640 pour le timbre à fond vert émis en carnet de six.
Nous profitons de cet article pour joindre un exemplaire d’enveloppe de transmission de documents des C.C.P via le courrier des P.T.T (La Poste) daté du 2 mars 1960.