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Catégorie : Histoire et Actualité Postales


REGARDS PHILATÉLIQUES SUR LA JOCONDE (1ÈRE PARTIE)

Rédigé par APN.


mercredi 1 mai 2013

En dépit de ses cinq cent ans, l’œuvre de Léonard de Vinci (Figure 1) se retrouve régulièrement sous les feux de l’actualité artistique : rien qu’en 2012, on lui aura trouvé par deux fois une sœur, grande ou petite, voire des jumelles ! Chaque année rajoute aussi des titres à la liste pourtant déjà longue des ouvrages qui lui sont consacrés.

Figure 1 - Carte Maximum 1952 TP France YT 929.

La Joconde, ou Portrait de Mona Lisa, est un tableau réalisé entre 1503 et 1506 par le peintre italien mort à Amboise en 1519. Il représente un buste, très probablement celui de la florentine Mona Lisa del Giocondo (Figure 2). Cette peinture à l'huile sur panneau de bois de peuplier de 77 x 53 cm est exposée au musée du Louvre à Paris dont elle est la pièce-phare (Figure 3). C’est l'un des rares tableaux attribué de façon certaine à Léonard de Vinci.

Figure 2 - France 1990 YT 3225.

Figure 3 - France YT 2852A.


Ce portrait est devenu une peinture célèbre d’abord parce que, dès sa réalisation, de nombreux peintres l’ont pris pour référence : il constitue alors l'aboutissement des recherches du XVème siècle sur la représentation d’un modèle. Par la suite, à l'époque romantique, les artistes ont été fascinés par l'énigme du personnage, contribuant à développer le mythe qui l'entoure et faisant de cette peinture l’une des œuvres d'art les plus connues au monde, si ce n'est la plus connue. Au XXIème siècle, elle est passée au rang d'objet d'art le plus visité de la planète, juste devant le diamant Hope. Au musée du Louvre, la Joconde bénéficie depuis mars 2005 d'une salle rénovée et spécialement aménagée pour la recevoir, la salle des États. Sa mise en valeur et sa protection sous vitre blindée ont été co-financées par une chaine de télévision japonaise.


En 2012, la Joconde est, par deux fois, venue défrayer la chronique avec la publicité faite à deux importants tableaux. L’un se trouvait depuis 1819 au Musée du Prado à Madrid (Figure 4) mais n’a été authentifié qu’il y a peu, après qu’un nettoyage méticuleux ait fait réapparaître le paysage du fond (Figures 5a, 5b) et permette d’établir qu’il s’agissait d’une copie.

Figure 4 - Espagne Musée du Prado.


Figure 5a - La Joconde du Prado à Madrid.


Figure 5b - Détail de la Joconde du Prado.


Non pas d’une copie quelconque mais d’un tableau présentant la particularité d’avoir été réalisé dans l’atelier du Maître en même temps que l’original, sans doute par l’un de ses plus proches élèves. Réalisée sur bois de noyer, la Joconde de Madrid est d’un format très semblable à sa sœur du Louvre : 76 x 57 cm1.


Le battage pour l’autre tableau remonte tout juste au mois de septembre dernier avec la présentation très médiatisée de la Mona Lisa d’Isleworth2. Découvert en 1913 par un collectionneur, Hugh Blaker, dans un manoir de l'ouest de l'Angleterre, il avait été transféré près de Londres dans le quartier d'Isleworth, dont il a pris le nom. Après avoir changé de mains plusieurs fois et passé 40 ans dans un coffre d’une banque suisse, il est à présent propriété de la Mona Lisa Foundation basée à Zürich, émanation d’un consortium emmené par David Feldman, bien connu des collectionneurs et des philatélistes. Pour cette Fondation, l’attribution à Léonard ne fait pas de doute. Il s’agirait d’une version de dix ans plus jeune que la Joconde du Louvre, présentant la même femme mais avec dix ans de moins (Figure 6).

Figure 6 - Mona Lisa d’Isleworth et la Joconde du Louvre.


Des différences marquantes distinguent cependant les deux peintures : si la posture du modèle et ses vêtements sont similaire, la dernière huile est plus grande, ses couleurs sont plus vives, elle a été peinte sur toile et non sur bois qui était pourtant le support préféré de Léonard. Les spécialistes sont donc partagés. Devant les interrogations de certains, on ne peut que conclure : affaire à suivre ...

Une œuvre aussi considérable a naturellement suscité une bibliographie exceptionnellement importante. Le meilleur y côtoie le pire. La complexité du tableau a inspiré des interprétations les plus variées. A côté de l’histoire de l’art, de la science, de la psychanalyse, de la vulgarisation, l’ésotérisme s’en est aussi emparé. Paru dans la foulée du Da Vinci Code (Figure 7), succès mondial tiré à 85 millions d’exemplaire avec une couverture illustrée par Mona Lisa, le dernier du genre s’intitule Isis, la Joconde révélée. Pour son auteur, le visage serait en fait un portrait scindé en deux parties : d’un côté Lisa à 20 ans, de l’autre la même à 30 ans, preuve selon lui que Léonard n’a pas voulu faire le portrait d’une personne mais … celui de la déesse égyptienne Isis, épouse d’Osiris 3.

La notoriété de l’œuvre de Léonard de Vinci explique le nombre de reproductions de son tableau par les différentes Postes du monde. Michel Wagner, plasticien et philatéliste, en dénombre près de 50 mais n’est sans doute pas exhaustif4, d’autant que son chiffre ne prend pas en compte les entiers postaux5. Cette évaluation ne doit cependant pas faire illusion, tant sont variables l’intérêt thématique et la qualité des différentes vignettes postales (ou prétendues telles). Pour permettre au philatéliste de s’y retrouver, essayons de trier dans cet ensemble disparate.

Figure 7 Couverture du succès mondial de Dan Brown.


_______________________________________________________________________________________ 1.   Marion Coquet, L’autre Joconde à Madrid, Le Point, actualité culture, 1er février 2012.

2.   AFP, Une version antérieure et controversée de la Joconde présentée à Genève, Le Point, actualité culture, 28 septembre 2012.

3.   Thierry Gallier, 500 ans après sa création…Isis, la Joconde révélée, éditions Maxiness, 2011, 84 p.

4.   Michel Wagner, Of Bridges & Stamps www.timbresponts.fr a apporté son concours à notre article, il est également membre de l’APN.

5.   L’inondation du marché philatélique via internet par les innombrables repiquages d’entiers chinois non-postaux rend impossible leur comptage.

Émissions reproduisant correctement l’intégralité du tableau

Nous mettrons à part les vignettes prohibées par la FIP évoquées plus loin. Pour n’en rester qu’aux timbres- poste émis licitement sur la Joconde, on s’aperçoit que le collectionneur souhaitant présenter une reproduction intégrale de Mona Lisa dans une exposition philatélique officielle n’a en réalité qu’un choix restreint. En dépit de l’abondance apparente de la production mondiale sur le sujet. Trop peu d’émissions présentent en effet un cadrage d’ensemble correct et une fidélité des couleurs satisfaisante. Parmi les exceptions, retenons les figures 8 à 13.


                                                                                                     APN - Mai 2013 - A suivre ...

Figure 8 - Guinée Bissau 2007.

Figure 9 - Guinée Équatoriale 1974.

Figure 10 - Guinée Équatoriale 1974.

Figure 11 - Guyana 1993.


Figure 12 - Mali 1969 YT PA 80.


Figure 13 - Moldavie de 2002, Bloc-feuillet 29 avec un autoportrait du Maître.


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