Nous annoncions les reports successifs de l’émission de Mayotte commémorative du 170ème anniversaire du rattachement de Mayotte à la France. Finalement le timbre-poste est sorti : le 2 avril en Premier jour, le 4 en vente générale locale ([i]).
La commémoration est celle de l’achat de cette terre comorienne encore appelée « l’île aux deux hippocampes » au Sultan Andrian Souli : C’est en effet le Deuxième du mois de Rabi-el-aual 1257 de l’Hégire, soit le 25 avril 1841 qu’ est signé le traité par lequel ce natif de Madagascar, fils d’Ouza ancien roi malgache des Sakalaves, cède en toute propriété à la France « l’île par lui possédée selon droit de conquête et par convention », acquise par les armes treize ans plus tôt. Signataire français : le Capitaine Passot, envoyé dans l’archipel par l’Amiral de Hell, gouverneur de Bourbon (ancien nom de la Réunion). Sa mission : trouver, dans cette partie de l’Océan, un point où « les navires français pourraient se mettre à l’abri des cyclones, réparer leurs avaries et se ravitailler commodément » ; abri qu’en l’absence de port à Bourbon les Traités de 1815 avaient privé la France en attribuant l’Île Maurice à l’Angleterre. Le timbre-poste présente en médaillon les deux personnages principaux et au premier plan le vaisseau français ainsi qu’un boutre comorien devant le Rocher de Dzaoudzi.
En réalité, le transfert de souveraineté ne s’est cependant pas fait en un jour : au contraire, il s’étalera sur plus de deux ans. Le traité de cession de 1841 ayant prévu « une sanction préalable par sa Majesté le Roi des Français », Louis-Philippe ratifiera certes les termes de l‘accord mais le 10 février 1843 seulement. La prise de possession, dernière étape du processus de rattachement, ne deviendra effective que le 13 juin 1843. Entretemps promu commandant, Passot revient avec une forte garnison issue du 3ème Régiment d’Infanterie de Marine pour se voir officiellement remettre l’Île par son Sultan, avant le lever du drapeau français puis la lecture à la Grande Mosquée d’une proclamation solennelle destinée à informer l’ensemble des Mahorais de l’ère nouvelle ouverte: l’île compte alors environ 3000 personnes. Adrian Souli peut toucher le prix de la cession : une rente annuelle et viagère de 1000 piastres, le droit de jouissance en toute sécurité de ses propriétés particulières et la possibilité de faire éduquer deux de ses fils à Bourbon.
En 170 ans, « l’Ile aux deux hippocampes » a connu un parcours postal tortueux. Ses principales étapes sont retracées dans un article que publie le signataire de ces lignes dans le dernier n° du mensuel « ATOUT-timbres », n° 160, 15 avril-15 mai 2011, édité par Yvert et Tellier et vendu en kiosque.
L’étape la plus récente de la longue histoire postale de Mayotte est celle ouverte le 1er avril 2011 avec la transformation de l’ancienne «Collectivité départementale» en « Département d’Outre - Mer ». Celui-ci perdra t’il son autonomie postale et devra t’il abandonner ses émissions de timbres -poste, à l’instar des quatre autres D.O.M. (et de Saint-Pierre-et-Miquelon qui eut ce statut entre 1976 et 1986) ? La question n’est pas tranchée et nul ne semble être en mesure de donner un avis autorisé. Seule chose établie : la poursuite jusqu’à l’automne du Programme philatélique arrêté en septembre dernier. Une affaire qui appellera donc prochainement d’autres développements.
Michel Krempper, Amicale Philatélique de Nanterre, 11 avril 2011
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([i] ) A Paris, c’est autre chose : le 9 avril, le timbre imprimé à Boulazac n’était toujours pas au Carré d’Encre ni à la boutique du Musée de La Poste … et pourtant Phil@poste prétend vouloir encourager la diffusion des émissions ultramarines françaises. En cette année 2011 dite « Année de l’ Outre – Mer », il va lui falloir s’y mettre plus sérieusement.