Catégorie : TAAF et Polaire
PROGRAMME 2020 DES TAAF : LE RECUL DE LA TAILLE DOUCE !
Rédigé par L'amicale philatélique.
samedi 21 décembre 2019
La cuvée 2020 des émissions des Terres Australes et Antarctiques Françaises, validée par la Commission Philatélique du mois d’avril dernier, sera mise en vente le 3 janvier 2020 au Carré d’Encre. Elle se caractérise par deux reculs :
la Taille douce ne sera utilisée que pour cinq émissions, contre sept ou plus les années précédentes.
les tirages 2020 sont plus faibles que ceux des années antérieures : 30 à 35 000 exemplaires contre 45 à 50 000.
On peut regretter le premier d’un point de vue artistique. Le second traduit le recul général des collections, mais, les timbres des TAAF étant souvent utilisés pour constituer des plis à faire voyager, la réduction du stock de timbres émis risque d’entrainer quelques pénuries sur des émissions souvent attractives.
Attardons-nous sur les cinq émissions en taille douce.
Bernard Morlet, géophysicien (1932/2010).
A sa sortie de l'École normale supérieure, agrégé de physique, Bernard Morlet est associé à la préparation, de l'Année Géophysique Internationale (AGI, 1957-1958), qui va mobiliser 67 pays. Douze nations conjuguent leurs efforts pour créer quarante-huit bases scientifiques dans l'Antarctique. La France ouvre deux bases en Terre Adélie : Dumont d'Urville en bordure de continent et la station Charcot sur la calotte glaciaire. Bernard Morlet, chargé de l'étude de la haute atmosphère ionisée, hiverne en 1958. Cette première expérience lui ouvre les portes de la recherche scientifique et celles des régions polaires.
Fin 1961, il participe à la création du Groupe de Recherche Ionosphérique (GRI) qui sera le cadre de tous ses travaux pendant près de vingt ans.
Début 1962 aux îles Kerguelen, Bernard Morlet participe à une campagne de lâcher de ballons-sondes pour l'étude des précipitations de particules dans la haute atmosphère. Cette même année, le 9 juillet, les Etats-Unis font exploser une bombe atomique à 160 km au-dessus de Johnson Island et Bernard Morlet coordonne à l'échelle du globe les observations des effets de l'explosion dans la haute atmosphère.
À partir de 1963, Bernard Morlet entreprend de rénover les observatoires géophysiques de Port-aux-Français aux Kerguelen, de Dumont d'Urville en Terre Adélie et de Garchy dans la Nièvre. Il hiverne en 1966 à Dumont d'Urville pour préparer les infrastructures nécessaires aux tirs de quatre fusées Dragon, prévus en janvier 1967, pour l'étude de la haute atmosphère.
Au cours de la décennie qui suit, avec son équipe du GRI, il développe les observatoires installés dans les TAAF en créant des instruments équipés de dispositifs d'enregistrement numérique, qui seront installés en Terre Adélie (1971) et aux Kerguelen (1977) pour l'étude de la haute atmosphère et de la magnétosphère. Il participe à deux expériences majeures sur les données spatiales : en 1973, le programme " CITADEL " en Terre Adélie, destiné à mesurer le champ électrique à la base de l'ionosphère, et, en 1975, au programme ARAKS à Kerguelen destiné à observer des phénomènes dans la magnétosphère. En collaboration avec des équipes américaines et soviétiques il coordonne et dirige ces expériences avec succès.
Il s’investit ensuite dans la recherche en régions polaire et subpolaire. Il est nommé en 1980 Chef de la Mission de Recherche des TAAF. À ce titre, il crée un comité scientifique et un comité de l'environnement et plus tard réorganise les Expéditions Polaires Françaises (EPF) en qualité de Secrétaire Général. Il est nommé conseiller scientifique auprès du ministère des Affaires étrangères pour les questions antarctiques.
Bernard Morlet est à l'origine de nombreuses initiatives. Il propose, le premier, la tenue de colloques scientifiques multidisciplinaires rassemblant les acteurs engagés dans les programmes de recherche polaire et subpolaire. Ce soutien permet l'éclosion de nouvelles équipes de recherche françaises en géologie et géophysique marine, en océanographie, en paléoclimatologie, en paléo océanographie et en biologie. Beaucoup de ces nouvelles équipes doivent à Bernard Morlet leur reconnaissance nationale et leur notoriété internationale.
Il est directement impliqué dans la construction de la piste aérienne de Dumont d'Urville (1982), dans la refonte des équipements scientifiques du Marion Dufresne (1985) et dans la construction du navire océanographique La Curieuse (1988). Il soutient la création des laboratoires de biologie de Port Alfred à Crozet (1987), de Dumont d'Urville (1989) et, à la demande du CNES, établit une station de suivi et de contrôle de satellites à Port-aux-Français en 1988. Dès 1990, il prend une part active au projet franco-italien d'implantation de la station Concordia et s'investit dans le projet de remplacement du Marion Dufresne. Il créé l'observatoire géophysique de la Réunion.
Toujours en qualité de Secrétaire Général, Bernard Morlet organise en février 1997 les cérémonies du centenaire des Expéditions Polaires Françaises (EPF) à la Tour Eiffel en présence du Président Jacques Chirac. Dans leur prolongement, il propose une très belle exposition l'Aventure Polaire présentée au Muséum National d'Histoire Naturelle (MNHN) en 1997, puis dans plusieurs villes de France et en Suisse jusqu’en 2003.
Bernard Morlet a été fait chevalier des Palmes académiques en 1976, officier du Mérite national en 1988 et chevalier de la Légion d'honneur en 1992.
Par cette émission philatélique, gravée par Yves Beaujard, les TAAF rendent hommage à l’engagement de Bernard Morlet pour défendre la recherche scientifique dans les régions polaires.
La photo qui a servi de base au graveur Yves Beaujard, la maquette, avec la pipe, le poinçon, le tirage définitif en feuille de 25.
Bateau : Le Nivôse.
Le Nivôse est une frégate française basée au port de la Pointe des Galets, sur l'île de La Réunion. C’est un navire de surveillance de la marine nationale, chargé, entre autres, de contrôler le respect des zones économiques exclusives des îles françaises dans l'océan Indien.
Le timbre a été gravé par Line Filhon. L’artiste a proposé trois compositions de couleurs différentes. Sa préférence allait à la seconde, fond bleu, chiffres noirs. La Commission a finalement opté pour le fond bleu et les chiffres rouges de la troisième maquette. Deux dessins différents sur le bord de feuille supérieur ont également été étudiés, avant la validation définitive.
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